Cyril Olivier, Directeur Web de KIABI.

kiabi

Nous reprenons aujourd’hui, l’interview de Cyril Olivier, Directeur web de Kiabi, donnée sur Madyness en septembre dernier. Cyril Olivier, acteur traditionnel du secteur, répond aux questions liées à l’avenir du textile et à l’impact des startups sur ce marché. Un regard intéressant sur la Mode, le Web et leurs enjeux !

Avant cela,  petite présentation de l’enseigne …

Kiabi est un acteur incontournable de la distribution textile Made in Nord en Europe (Groupe Mulliez). Kiabi est l’enseigne pionnière de la mode à petit prix en France.

En quelques chiffres, Kiabi, c’est : 

  • 7 500 collaborateurs
  • 60 nationalités
  • Plus de 300 métiers
  • Plus de 450 magasins en Europe
  • Plus d’1,3 milliard d’euros de CA

Comment percevez – vous le marché de l’habillement actuellement ?

Tout d’abord, nous nous rendons compte d’une évidence : c’est de moins en moins un marché de besoins (même sur des segments « Homme » et « Enfants ») mais qui s’axent plutôt sur l’impulsion, le plaisir. Donc prime à la créativité / la bonne touche de mode ET l’excellent rapport qualité / prix.  Il semble aussi que les deux extrêmes s’en sortent : le mass marketing, low fashion pour un public qui veut se faire plaisir, souvent, sans se ruiner. A l’autre bout, le luxe se porte bien, tourné vers de nouveaux clients. Plus prosaïquement, chez nous, dans nos pays-clients, le textile est un vrai poste de dépenses d’ajustement budgétaire. Ce n’est pas / plus un impératif.

Quel impact a l’innovation dans votre secteur ?

Nous ne sommes pas dans des secteurs au ticket de R&D très très élevé comme d’autres industries. C’est du vrai B to C avec de l’innovation, certes produits mais aussi beaucoup marketing, portée par les clients finaux : moins une nouvelle matière ou un process industriel révolutionnaire de fabrication que de nouveaux usages produits (ex. le buzz récent incroyable  autour des produits anti-UV à porter), de nouveaux services (le fitting facilité, la personnalisation voire l’impression 3D), de nouveaux modes de consommation (une offre disponible 24/24 et 7/7, consultable sur tous les supports).

Maintenant, il ne faut pas confondre innovation avec digitalisation / facilitation des modes de consommation ancestraux : quand on parle de textile, à fortiori quand cela ne correspond pas à des produits brandés facilement consultables d’une enseigne à une autre … la cliente finale a toujours besoin de toucher le produit, vérifier la matière et le bien-aller.

Comment voyez-vous l’entrée de startups dans votre domaine ?

Forcément positivement car elles doivent à la fois répondre à des besoins (comment enrichir l’expérience on-line sur un média aussi froid que le Web quand on parle d’acheter de la Mode ? A l’inverse comment faire bénéficier en magasin de la qualité des data et du cracking clients déjà faisables on-line). Mais aussi bousculer, faire avancer un secteur de la Mode peut être moins avancée, en tout cas en Europe continentale, sur des sujets précomptés par l’industrie : crowdsourcing acec co-création de collections ? synergies industrielles entre concurrents pour avancer sur des sujets structurants … comme le paiement mobile ?

Comment travaillez – vous avec elle ? Quel est l’intérêt ?

Tout simplement en s’obligeant – dans des agendas moins flexibles dans un grand groupe et très / trop fortement sollicité – à en voir régulièrement. Lors des premiers rendez-vous, rester très ouvert et faire aussi des retours / des effets miroirs pour permettre aux entrepreneurs d’avancer … quitte à ne pas retenir l’idée pour KIABI.

Et en interne, expliquer les attendus / KPI du projet, c’est à dire accepter aussi des essais sans succès. Economiquement tester à une échelle sérieuse est plus difficile pour les entreprises enseignes en Europe qu’aux US.

Quelle est pour vous la future tendance de votre marché ?

1. Digitalisation de l’expérience magasin (certes je sais ce qu’il achète mais comment faire évoluer le merchandising et la vente avec une meilleure connaissance du client. Notamment ses appétences produits pas encore concrétisées en achats).

2. Exploitation et industrialisation du crowdsourcing (quel avenir pour les études clients ?) : intégration réelle des clients et contributeurs dans le process.

3. Mobile on-line / in-store.

Des secteurs et des innovations sur la TV connectée et les nouveaux mobiliers urbains connecté sont également à suivre pour nos secteurs. En somme, tout ce qui enrichira l’expérience shopping on-line vers plus de plaisir et de fun (quelle est vraiment la part de consommatrices femmes de mode qui aiment sélectionner / naviguer via des filtres de sélection ?). Tout ce qui facilitera la supply chain textile et time-to-market.

A l’inverse, je suis très dubitatif en ce qui concerne le secteur de la Mode, sur des solutions comme les avatars / les vendeurs virtuels qui ne sont absolument pas fins et utilisés un peu comme un gadget. Les call to action peu rentables dans nos activités aux paniers plus bas que du tourisme ou de la finance ou les modélisations de fitting avec mannequins virtuels ou miroirs digitaux : encore très perfectibles et sans doute trop pensés par des hommes pour de la mode femme.

Le site Madyness

Le site KIABI

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